Il y a un peu plus d’un an, nous mettions en place un partenariat afin d’offrir Lexibar aux intervenants travaillant dans un lycée français de Manille, aux Philippines. C’est suite à une belle rencontre avec une orthopédagogue québécoise, ayant des racines en France et résidant maintenant à Manille, que ce partenariat a vu le jour. Son parcours nous a touchés, inspirés et fascinés. Lexibar n’avait jamais voyagé aussi loin!
De l’autre côté du monde, Eugénie nous raconte son histoire et son parcours extraordinaire. De plus, elle a fondé son entreprise, AIDEOR, qui lui permet grâce à la technologie d’aider à travers le monde des enfants présentant des difficultés et des troubles d’apprentissage, et dont les parents sont déménagés à l’étranger. Nous espérons qu’elle pourra inspirer d’autres professionnels de l’éducation et que vous sentirez toute sa passion et son dévouement à travers ses mots. Merci et bravo Eugénie!
Par Eugénie Pettigrew-Leydier
Un parcours à l’étranger me conduit à m’y installer…
Travailler à l’étranger m’a toujours séduite. Probablement dû au fait que je sois Franco-Canadienne, ayant grandi au Québec, d’une mère française. Dans le cadre de mes études avec l’UQAR, j’ai vécu deux expériences interculturelles ; un semestre en logopédie en Belgique et un stage en enseignement au Bénin, en Afrique. En 2012, j’ai obtenu mon diplôme universitaire en enseignement en adaptation scolaire et sociale. J’ai travaillé successivement en tant qu’orthopédagogue, au Québec, puis je suis aillée travailler en France, en Australie, au Paraguay, et aux Philippines, où je demeure toujours.
Une succession d’expériences à l’international
En 2012, lorsque j’ai quitté le Québec, je savais que je partais pour de nouvelles aventures, en laissant de côté mon projet de démarrer une entreprise en orthopédagogie avec mon amie Marie-Eve Jutras, orthopédagogue, spécialisée au secondaire. J’étais prête à travailler ailleurs, en découvrant d’autres cultures et en partageant mes approches pédagogiques. J’étais curieuse d’apprendre le fonctionnement du système scolaire français, probablement dû à mes origines.
J’ai commencé au bas de l’échelle, comme on dit, en tant qu’auxiliaire de vie scolaire, à Toulouse. J’ai pris en charge deux élèves avec un profil d’apprentissage particulier. Je m’investissais avec les enseignantes pour apporter un soutien de qualité. L’année scolaire suivante, j’ai enseigné à deux élèves, à la maison, en Australie. Le lien était très fort et les progrès, très émouvants. J’ai développé mon intérêt envers la communauté française à l’étranger et j’ai décidé de postuler pour travailler dans un lycée français. J’ai obtenu le poste d’enseignante à la maternelle dans l’un des Lycées français du Paraguay, où j’ai pu découvrir le bulletin officiel. J’en ai profité pour voyager en Amérique du Sud et pour apprendre l’espagnol ! Ensuite, j’ai voulu découvrir l’Asie, un continent qui m’était inconnu. En janvier 2015, je suis arrivée aux Philippines, ne pensant y séjourner que 6 mois ! À Manille, j’ai continué d’être enseignante avec les petits, mais dans un établissement beaucoup plus grand.
L’opportunité de m’investir au service d’une école
J’ai occupé un poste de remplacement en maternelle, au Lycée français de Manille, sous la direction de Cécile Dione. En parallèle, j’ai mis en avant ma vision orthopédagogique et j’ai guidé les enseignants dans leur approche avec les élèves qui ont un profil d’apprentissage particulier : trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDA/H), trouble en lecture et écriture (dyslexie), trouble du langage léger et moyen ou de dysphasie, etc. Une relation de confiance s’est progressivement installée avec l’équipe enseignante ainsi qu’avec le Proviseur, M. Jean-Marc Aubry. Il m’a d’ailleurs recommandée auprès d’un élève de Terminale qui était en situation d’échec scolaire. Avec lui, j’ai appliqué ma vision orthopédagogique ; j’ai travaillé à pallier les difficultés causées par ses troubles cognitifs et… il a fièrement obtenu son Baccalauréat ! L’année scolaire suivante, la nécessité de la création d’un pôle de soutien pour mieux considérer les élèves qui ont des besoins éducatifs particuliers (EBEP) au sein de l’établissement a émergé. J’ai travaillé à la création de ce pôle EBEP et un poste en orthopédagogie a été créé, d’abord à temps partiel, puis à plein temps, impliquant également une psychologue et deux enseignantes coordinatrices.
Répondre aux problématiques des élèves à besoins éducatifs particuliers : une vocation !
Aux Philippines, j’ai fait ma place. Les besoins étaient nombreux et la ressource se disait précieuse. Les élèves démontraient des progrès énormes, notamment par l’utilisation des outils technologiques (Lexibar par exemple) pour pallier les difficultés, et les enseignants ont appris à aimer l’aide apportée pour mettre en place les adaptations pour les élèves qui ont des besoins éducatifs particuliers. Ce n’était pas rose et facile tous les jours, mais j’ai été positive et persévérante. Il est question d’une belle victoire pour les élèves du LFM. En échangeant avec le personnel de plusieurs Lycées français, la pertinence d’avoir une ressource externe pour les EBEP en est ressortie. J’ai été en communication avec le Lycée français de Jakarta et de Kuala Lumpur pour faire des ateliers sur l’accompagnement des élèves qui ont des difficultés d’apprentissage. Ensuite, des changements de direction ont entrainé d’autres choix pédagogiques. J’étais toutefois très fière de mettre en place cette nouvelle structure et de m’investir à Manille, mais je tenais à étendre les bienfaits de l’orthopédagogie pour aider un plus grand nombre d’enfants expatriés.
Des besoins d’un établissement, à la création d’une entreprise au service des enfants d’expatriés
En voyant le succès se développer à Manille et en parlant avec d’autres enseignants lors d’un stage de deux semaines organisé par l’AEFE, à Amiens, j’ai décidé de poursuivre mon avancée. En septembre 2018, j’ai créé l’entreprise AIDEOR, à Singapour, pour bénéficier d’une situation géographique centrale en Asie. L’objectif est d’amener les élèves scolarisés dans une école internationale et en difficultés d’apprentissage, vers la réussite scolaire, en utilisant le biais des outils technologiques. Cinq types de services sont priorisés pour répondre aux besoins de manière globale :
- La prévention des troubles du langage et du développement des fonctions exécutives dès le plus jeune âge ;
- Le renforcement scolaire ;
- L’intervention en orthopédagogie ;
- L’évaluation des processus cognitifs et ;
- L’accompagnement des parents et des enseignants.
Les interventions se font en présentiel ou à distance, comme le slogan le dit : « ici et ailleurs ». Avec des élèves dont les parents sont expatriés, il est fréquent que la rééducation soit interrompue de manière précoce et involontaire, par un déménagement pour des raisons professionnelles. Une nouvelle installation est parfois difficile psychologiquement et socialement, particulièrement pour les familles dont les enfants ont des difficultés d’apprentissage. La volonté d’AIDEOR est de veiller à la stabilité de ces enfants sensibles, afin que leur prise en charge se poursuive, quel que soit le pays d’accueil.
Le numérique : un argument pour une prise en charge optimale !
AIDEOR utilise la technologie numérique pour proposer des séances en ligne qui apportent plusieurs avantages : la routine du quotidien et le confort de la maison sont favorisés, la fatigue et la perte de temps liée aux déplacements sont évitées, les séances lors des vacances et des maladies bénignes sont maintenues, l’attirance du numérique favorise et facilite l’utilisation de logiciels d’aide en lecture et en écriture. AIDEOR est une entreprise très récente, avec un grand potentiel de développement, qui a beaucoup d’ambitions et qui transmet l’espoir de la réussite dans les études. Actuellement, les membres recrutés montrent une personnalité de qualité. Ils ont un diplôme universitaire pertinent et sont professionnels. Ils interviennent en tant que consultants et sont guidés pour respecter la vision d’AIDEOR.
Ils sont Français ou Canadiens francophones du Québec, et résidents à Hô Chi Minh, à Bali et à Manille. Dans un proche avenir, ils seraient tous orthopédagogues, soit avec un diplôme universitaire du Québec, faisant partie de l’Association des Orthopédagogues du Québec (ADOQ), soit avec la formation assurée par l’Union des Orthopédagogues de France (UOF). Le concept est d’utiliser les compétences et le temps de chacun en fonction de son lieu de résidence. Par exemple, une orthopédagogue résidant en France interviendrait en avant-midi, lorsque les enfants sont à l’école, avec un élève qui a des besoins éducatifs particuliers, en Asie, en après-midi. Un partenariat avec l’ADOQ et l’UOF est important, afin d’étendre en Asie, grâce à AIDEOR, la pratique en orthopédagogie.
Les élèves, quant à eux, sont de nationalités différentes : Français, Philippins, Indiens, Chinois, etc., et sont scolarisés dans un Lycée français (Singapour, Manille, Valence, etc.), dans une école internationale (ISM, BSM, JIS, etc.) ou dans un établissement local lors d’un retour dans le pays d’origine (collège en France). Ce qui les unit est le fait que les services d’AIDEOR les amènent à une situation scolaire allant vers la réussite. En octobre 2019, le site Internet a été refait à neuf, avec l’aide de deux professionnels : une « web developer » et une « web designer ». Une plateforme interne est intégrée pour la gestion des élèves, des parents et des professionnels. Une bibliothèque intelligente est aussi prévue pour répertorier le matériel intéressant pour les professionnels. Une compagne de levée de fonds pour un organisme est en cours de préparation, des thématiques de conférences sont notées, une idée d’application se dessine… Bref, les idées foisonnent ! Comme je le dis souvent aux élèves : « Avec patience et persévérance, nous atteignons la réussite ! »
Je suis très fière de toutes les expériences vécues, celles-ci m’amenant à avoir créé l’entreprise AIDEOR, pour réponde aux besoins des enfants expatriés qui vivent des difficultés scolaires. Je souhaite qu’elle devienne la référence en orthopédagogie pour toutes ces familles francophones qui s’expatrient, en collaboration avec les organismes qui sont en place au Québec et en France.
Article rédigé par Eugénie Pettigrew-Leydier, Orthopédagogue, Directrice, Fondatrice d’AIDEOR PTE. LTD
Bravo EUGÉNIE
TRÈS INTÉRESSANT TON PARCOURS, ET CE QUE TU EN AS FAIT.
TA MAMAN, CATHERINE DOIT ÊTRE SI FIÈRE DE TOI.
JE T’EMBRASSE EET TE SOUHAITE LONGUE ET BELLE ROUTE.
PS. J’AI ÉTÉ ACCUEILLI CHEZ TA MAMAN À QUÉBEC POUR DES VACANCES🙏…
NADETTE